Nouveau matériau antibactérien pour les pansements

Des molécules assemblées en hexagones

Des chercheurs ont développé un nouveau matériau antibactérien qui allie un nano textile non tissé et des composants uniques aux propriétés antibactériennes. Appelé NANO-LPPO, ce nouveau matériau permet une vaste gamme d’applications, comme par exemple un pansement pour des plaies telles que les brûlures, en prévenant l’infection et facilitant par conséquent le traitement et la cicatrisation.

Le nombre de souches bactériennes résistantes aux antibiotiques les plus courants est en constante augmentation et de ce fait, on est toujours plus à la recherche de nouvelles substances aux propriétés antibactériennes. Les lipophosphonoxines (LPPO) développées par l’équipe de Dominik Rejman de l’Institut de chimie organique et biochimie de Prague, en collaboration avec Libor Krásný de l’Institut de microbiologie de l’Académie des sciences de Tchéquie, représentent une classe de substances très prometteuses comme nouvelle génération d’antibiotiques.

Elles n’ont pas à pénétrer les bactéries mais agissent en surface en perturbant la membrane de la cellule bactérienne, ce qui rend leur action destructrice très efficace. De plus, les bactéries n’ont une capacité que très limitée à développer une résistance aux LPPO. En effet, une expérience sur plusieurs semaines a révélé qu’aucune bactérie n’était devenue résistante à ces substances, alors qu’une résistance aux antibiotiques les plus communs s’était développée plutôt facilement.

Le potentiel des LPPO est évident surtout dans des situations où une intervention ciblée immédiate est nécessaire, comme par exemple les infections cutanées. Cependant, dans ce cas les substances doivent être combinées à un matériau approprié capable de garantir une efficacité topique sans besoin de pénétrer le système circulatoire. Cela réduit l’implication de l’organisme et en facilite l’utilisation.

Ce matériau est constitué de nano fibres polymères développées par l’équipe de David Lukáš de l’Université technique de Liberec. Elles sont combinées aux LPPO dans la préparation d’un nouveau type de pansement destiné aux plaies cutanées infectées par bactéries. Son principal avantage est qu’il relâche les LPPO antibactériennes graduellement et en fonction de la présence et de l’importance de l’infection.

Les enzymes décomposent ce nanomatériau en molécules inoffensives. Les LPPO font partie intégrante de ce matériau et sont relâchées pendant cette décomposition. Ce processus est grandement accéléré en présence de bactéries qui produisent des enzymes lytiques, ce qui signifie que, plus les bactéries sont nombreuses dans la plaie, plus rapidement le matériau se décompose et relâche des substances actives sur le site et favorise la cicatrisation et la régénération de tissu mou.

Les expériences sur les souris ont confirmé la capacité des NANO-LPPO de prévenir l’infection et par conséquent d’accélérer la cicatrisation et la régénération. Pratiquement aucune propagation d’infection n’a été constatée là où ce matériau a été utilisé. Si tout se déroule bien pendant les essais cliniques, cela pourrait représenter une percée dans le traitement des brûlures et autres plaies graves pour lesquelles les infections représentent une sérieuse menace et compliquent les traitements.

Sources :

News Medical

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Jean-Philippe Marcou, Responsable pédagogique chez Pôle Santé Formation

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