Au cours d’une brèche majeure dans le secteur de la recherche sur la santé de la peau et le développement de produits pour les soins cutanés, le Sentre pour les sciences de la Peau de l’université de Bradford et le laboratoire Labskin du Royaume-Uni ont annoncé aujourd’hui la mise sur le marché de « Labskin M », le tout premier substitut de peau « pigmentée » cultivé en laboratoire.
Diverses publications scientifiques ont démontré que les peaux de différentes ethnicités présentaient des microbiomes différents. Ces nouveaux modèles « pigmentés », qui incorporent des mélanocytes, permettent à Labskin de vérifier ultérieurement la sécurité et l’efficacité des ingrédients et des formulations pour les soins cutanés sur une plus grande variété de types de peau, intégrant ainsi des peaux de différentes ethnies aux microbiomes variés. La présence de mélanocytes sur les modèles de peau permet également d’étudier les causes et les réductions de l’hyperpigmentation, crée un modèle idéal pour l’étude de la réaction à l’exposition aux UV et de la phototoxicité, et ouvre la porte à l’établissement de modèles de mélanome reproductibles pour l’industrie pharmaceutique.
Il n’existe sur le marché aucun autre système de peau cultivée en laboratoire qui inclue des mélanocytes. Cela offre d’immenses opportunités pour la recherche et pourrait conduire à de nouvelles découvertes, par exemple sur les cancers de la peau. Ce nouveau modèle permet d’acquérir une compréhension plus approfondie sur la production de mélanine dans les cas sains et pathologiques, sur la toxicologie de la peau, le métabolisme cutané et l’interaction entre l’hôte et les microbes.
C’est un développement déterminant pour les secteurs de la cosmétique et de la dermatologie car il offre des plateformes de test encore plus précises permettant d’offrir des produits sûrs, efficaces et de première qualité. Le fait que ce produit soit disponible sur le marché facilite grandement l’implication d’autres secteurs.
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Une nouvelle molécule pour le traitement des cicatrices chéloïdes
Les cicatrices chéloïdes, bien plus qu’un simple problème esthétique, peuvent engendrer des défigurations significatives et un véritable impact émotionnel pour les patients concernés. Ces cicatrices, qui dépassent les limites de la plaie initiale, résultent d'une surproduction de composants de la matrice extracellulaire comme le collagène de type I. Ce phénomène est causé par un déséquilibre des mécanismes de réparation tissulaire. Les traitements actuels montrent une efficacité limitée en raison d'une compréhension incomplète des processus moléculaires.
Une avancée scientifique prometteuse
Une étude récente publiée dans la revue *Burns & Trauma*, révèle une piste innovante : l'inhibition de l’enzyme CYP24A1, impliquée dans le métabolisme de la vitamine D, influence les kératinocytes chéloïdiens.
Les chercheurs de l'Université de Cincinnati ont démontré que la suppression de CYP24A1 peut réduire l'expression des gènes profibrotiques. Ils ont isolé des kératinocytes provenant de peaux normales et de chéloïdes, qu'ils ont ensuite cultivés en présence ou absence de vitamine D et d’inhibiteurs spécifiques comme le kétoconazole et le VID400.
Des résultats prometteurs
Les résultats de l’étude sont significatifs : l'enzyme *CYP24A1* était surexprimé dans les kératinocytes chéloïdiens.
- Le kétoconazole réduisait globalement la prolifération cellulaire, limitant ainsi la formation des chéloïdes.
- Le VID400 ciblait spécifiquement la croissance des kératinocytes chéloïdiens.
- Effet global : Les deux inhibiteurs ont supprimé l'expression des gènes profibrotiques comme la périostine et l'hyaluronane.
Dr Dorothy M. Supp considère ces résultats comme une étape cruciale dans la lutte contre les chéloïdes. Cette découverte marque une véritable révolution, passant de traitements réactifs à une approche préventive et ciblée.
Ces nouvelles thérapies pourraient offrir une meilleure prise en charge et un espoir renouvelé aux patients souffrant de cicatrices chéloïdes.
Un hydrogel révolutionnaire pour traiter les plaies chroniques infectées
Les plaies chroniques, notamment les plaies diabétiques infectées, sont souvent difficiles à soigner. Ces blessures complexes résultent généralement d’une inflammation prolongée et de la formation de biofilms bactériens, rendant leur traitement particulièrement délicat. Une nouvelle solution vient d’être développée : un hydrogel combinant des propriétés anti biofilm et antioxydantes, avec des résultats prometteurs pour accélérer la cicatrisation. Le rapport a été publié sur Nature Communications.
Les défis des plaies chroniques infectées
Comprendre le processus de cicatrisation
Le processus de cicatrisation comporte 4 phases : la coagulation, l’inflammation, la prolifération et la maturation. Cependant, dans les plaies chroniques, ce processus est perturbé par un déséquilibre entre les signaux pro- et anti-inflammatoires, provoquant un excès de stress oxydatif. Les leucocytes libèrent des dérivés réactifs de l’oxygène (DRO) pour combattre les infections, mais cette réaction excessive endommage les tissus et empêche leur régénération.
Dans les cas graves, la formation de biofilms bactériens aggrave la situation. Ces biofilms protègent les bactéries contre les défenses immunitaires, les antibiotiques et les traitements locaux, ce qui rend les infections persistantes et difficiles à éliminer.
L’hydrogel PPN : une innovation majeure
Une double action anti biofilm et antioxydante
Les chercheurs ont mis au point un hydrogel unique, baptisé PPN, constitué d’un polymère antibactérien (PIM) et d’un antioxydant puissant (N-acétylcystéine, NAC). Ce pansement a deux fonctions principales : empêcher la formation de biofilms et réduire le stress oxydatif dans la plaie. Contrairement aux pansements traditionnels, il ne contient ni antibiotiques ni métaux lourds, ce qui évite les effets secondaires indésirables.
Le PPN agit en absorbant les bactéries et en les éliminant efficacement grâce à sa structure chimique unique. En parallèle, le NAC réduit les niveaux de DRO, favorisant ainsi un environnement propice à la cicatrisation.
Des résultats prometteurs en laboratoire
Les tests ont démontré l’efficacité du PPN sur des plaies infectées par des bactéries résistantes, telles que le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et le Pseudomonas aeruginosa. Les plaies traitées avec cet hydrogel ont montré une réduction rapide des bactéries dès les trois premiers jours, une amélioration notable de la cicatrisation et une diminution des signes d’infection.
Les plaies traitées présentaient une meilleure régénération du collagène et une fermeture plus rapide, contrairement aux pansements à l’argent, qui ralentissent souvent la prolifération cellulaire.
Un avenir prometteur pour le traitement des plaies infectées
Avantages du PPN
- Efficacité antibactérienne élevée : Le PPN agit contre les bactéries résistantes aux traitements classiques.
- Réduction du stress oxydatif : Grâce au NAC, le pansement diminue l’inflammation et encourage la production de facteurs de cicatrisation.
- Stimulation de la régénération tissulaire : Le PPN favorise la différenciation des kératinocytes, essentielle à la formation d’une nouvelle couche de peau.
Applications biomédicales élargies
Ce pansement intelligent pourrait être décliné en différents formats pour répondre à divers besoins, allant des plaies chroniques aux autres conditions nécessitant une régénération tissulaire accélérée. Sa conception sans métaux ni antibiotiques en fait une solution durable et adaptable.
Le PPN représente une avancée significative dans le traitement des plaies chroniques infectées. Avec ses propriétés anti biofilm, sa capacité à réduire le stress oxydatif et ses résultats cliniques prometteurs, cet hydrogel pourrait transformer la gestion des plaies difficiles. En offrant une alternative aux traitements traditionnels, le PPN ouvre la voie à des soins plus efficaces et durables, améliorant la qualité de vie des patients atteints de plaies chroniques.
Jean-Philippe Marcou, Responsable pédagogique chez Pôle Santé Formation
1. Bonjour Jean-Philippe Marcou, pour commencer, pouvez-vous nous parler de votre parcours en tant qu'infirmier libéral et de ce qui vous a motivé à devenir formateur ?
Je suis devenu infirmier libéral en 2007, après une carrière hospitalière bien remplie, où j'ai terminé comme cadre de santé en cancérologie et médecine interne. J'ai exercé pendant 15 ans en libéral, et la transmission de mes connaissances a toujours été une de mes motivations principales.
En 2008, j'ai obtenu un DU en Plaies, Cicatrisation et Brûlures, et j'ai commencé à partager mes connaissances en formation, d'abord dans les IFSI, puis auprès des infirmiers libéraux.
2. Y a-t-il un aspect particulier de votre travail en tant que formateur que vous trouvez particulièrement enrichissant ?
Le partage en formation est enrichissant, tant en transmettant qu’en recevant. Les échanges professionnels sont essentiels à la réussite de la formation, car ils permettent d'assembler les compétences de chacun.
3. Comment voyez-vous la complémentarité entre ePansement et Pôle Formation Santé (PFS) dans l'amélioration de la qualité de la formation pour les professionnels de santé ?
Pour être honnête, j'utilise ePansement dans mes formations “Plaies” depuis longtemps. Les formations proposées par le PFS sont pratiques et basées sur le terrain, ce qui les rend très pertinentes. Utiliser ePansement répond à cette demande d'adaptation à la réalité.
4. Quelles sont, selon vous, les qualités pédagogiques essentielles que tout formateur devrait avoir pour assurer une formation efficace ?
Être animateur, passionné et fédérateur.
5. Quels sont, selon vous, les défis les plus courants auxquels sont confrontés les professionnels de santé dans la gestion des Plaies et des Pansements, et comment vos formations cherchent-elles à les surmonter ?
Ils sont surtout confrontés à des intox ou infox sur la cicatrisation et l’utilisation des dispositifs médicaux.
6. Comment pensez-vous que la collaboration entre nos deux entités peut enrichir l'expérience des apprenants ?
Cela permettra de rétablir et de réajuster le bon message en termes de connaissances, de compétences et l’utilisation des dispositifs médicaux appropriés.
7. Avez-vous des anecdotes ou des expériences marquantes en tant que formateur que vous aimeriez partager ?
Mes expériences sont surtout les retours et les échanges post-formation, lorsque les participants expriment les effets positifs de la formation sur leurs pratiques de soins.
8. En quoi le DU Plaies Cicatrisation et Brûlures a t-il influencé votre approche de la formation et de la pratique ?
Il est indispensable pour comprendre que l’approche doit être globale, pluriprofessionnelle et qu'il est essentiel d'avoir accès à la bonne information.
9. Pour les professionnels de santé qui hésitent à suivre une formation en Plaies et Cicatrisation, quel conseil leur donneriez-vous pour les encourager à franchir le pas ?
C'est une formation à ne pas manquer ! La gestion des plaies et la cicatrisation illustrent le savoir-faire et le savoir-être des infirmiers. Cette formation fournit les clés pour améliorer vos compétences dans ce domaine. Ses clés sont reproductibles et adaptables, alors qu’attendez-vous ?